La cybercriminalité trouve sa principale source de profits dans les manipulations de cours, qu’il s’agisse de titres cotés ou de cryptomonnaies, un terrain de jeu apprécié des délinquants pour sa faible régulation. L’intelligence artificielle risque de démultiplier l’ampleur de ces manipulations, dans un mouvement de véritable industrialisation, qui toucherait non seulement la finance mais l’information en général.

Selon The Economist, le secteur de la cybercriminalité a atteint une taille qui équivaut à la moitié de celle de l’industrie de la publicité ou de celle de la défense et de l’aéronautique, et elle emploierait jusqu’à un million de personnes dans le monde. Chacun d’entre nous y a été confronté un jour – qu’il s’agisse d’un message proposant des fausses offres de formations financées par le compte personnel de formation, ou d’un faux avis de La Poste demandant des frais pour la remise d’un paquet imaginaire. Les fuites massives de données faiblement protégées, comme celle de Free récemment, sont du pain bénit pour ces escrocs : ils fournissent des informations précises (numéro de téléphone, adresse, code d’entrée, coordonnées bancaires…) qui rendront plus crédible l’appel d’un faux conseiller qui prétextera une erreur sur votre compte pour vous faire réaliser un virement en sa faveur.
Mais les opérations les plus rentables pour les criminels restent les manipulations de cours. En 2013, un groupe de cybercriminels a réussi à pirater le compte de l’agence Associated Press pour diffuser un faux message sur un attentat à la Maison-Blanche, entraînant une baisse du Dow Jones de plus de 130 milliards de capitalisation. Un article publié en 2006 a mis en évidence des volumes d’activité inhabituels sur les options de vente sur des actions américaines juste avant l’attentat du 11 septembre. S’agissant des cryptomonnaies, la faible régulation des transactions en fait un domaine privilégié des campagnes d’information trompeuses et des influenceurs de toutes natures.